CULTURE - le 9 Septembre 1999 Il faut cinq sens et plus pour faire un poème. Qui a vécu, enfant, quelques heures à la campagne se souvient sûrement des fruits de l'érable aux ailes membraneuses qu'on lançait en l'air pour les voir redescendre tournoyant comme les pales d'un hélicoptère. La poésie naît de ces détournements, comme le rappelle, colle et porte-plume à la main, Annie Krim-Déjean (1), pour qui ces hélices deviennent des corps de sauterelles, des ailes de canards ou d'amour. Allez savoir ! N'est-ce pas l'immédiateté, le premier regard, la première écoute, qui la font mépriser par nombre de contemporains ? Certains haussent les épaules. Tant pis pour eux. Laissons les victimes de leurs journées trop ordinaires et suivons Jean-Marie Barnaud (2) pour (re)découvrir la poésie simple des " choses menues dont on ne parle guère ". René Char, Armand Robin, Eugène Guillevic, Claude Roy et les autres n'ont pas agi