Souvenirs de Kinshasa suite 2

Le voyage

Les bagages pour le départ furent délicats. Nous avions droit à 40 kilos mais il y avait tant et tant à emporter! Les amis envoyaient des cadeaux aux amis de là-bas, et nous allions dans cette association pour organiser Leitura Furiosa, fête de la lecture et des livres, j'avais donc fait appel aux éditeurs, à Stéphane notre ami libraire amiénois. La pile de livres était impressionnante, les valises débordaient et dépassaient le poids autorisé...Mais vaille que vaille nous voilà partis. À l'aéroport, décidément, l'excès de poids menaçait de nous coûter cher, alors dans un coin, nous avons mis dans nos poches de vestes, un maximun de livres, les plus lourds, d'une taille compatible avec celle des poches. On aurait dit des bibendums, mais c'est passé !
Voyage sans problème, films à gogo, impossible pour moi de dormir, trop excitée.
L'arrivée dépassa ce qu'on m'avait prédit: une foule compacte au débarquement, des porteurs improvisés très entreprenants, j'avais appris le mot: TÉ , NON et je le martelais dès qu'un homme essayait d'empoigner mon bagage, té!, té!, té!
Cathy la responsable du centre Masolo nous attendait avec un chauffeur et nous voilà partis dans une nuit noire sur une route qui rapidement s'est avérée assez cahotique. Dans les deux sens et sur plusieurs fronts se doublaient à toute vitesse, parfois sans phare,  des véhicules de toutes sortes, des motos, des personnes à pied. "Bienvenus à Kinshasa!" me dit alors le chauffeur en utilisant le klaxon à chaque instant et en faisant de brusques crochets pour éviter des trous parfois énormes, ce qui faisait d'ailleurs que des voitures restaient en rade sur le bord de la route. "Cette route a été refaite il y a peu par les chinois" ajoute notre chauffeur en riant.
Le centre Masolo, enfin fut atteint, au bout d'une rue sans bitume, toute de sable revêtue, un mur assez haut jaune et un portail en fer bleuté. Le gardien de nuit nous attendait, et l'on me donna une belle pièce dont la fenêtre à barreaux donnait sur la cour. Il fallait installer la moustiquaire, les couloirs et les pièces étaient plongés dans le noir, "Panne d'électricité" me dit-on...Elle dura tout le séjour sauf une heure par-ci par là, lumière rare et précieuse qui me fit comprendre pourquoi, dès qu'il y en avait, toutes les fenêtres du quartier brillaient! Pas de courant, pas de réfrigérateur, pas de rechargement de téléphone, d'appareil photo, pas d'ordinateur... Bizarrement notre voisin, député, avait de la lumière en permanence et il "dépannait"l'épicerie qui jouxtait sa maison, c'était un branchement sauvage, clandestin, tout le monde le savait et c'était réglo! Ainsi j'allais taper mes textes à l'épicerie, l'épicière disait que ça faisait venir des clients! Et puis on pouvait acheter des bières bien fraîches!

Sur cette petite place, il y avait aussi un bar et les soirs avec électricité, les clients se massaient pour regarder la télé installée dehors, chaude ambiance!
J'aimais bien cet endroit, vivant mais calme, ces ruelles partant en croix depuis la place, les grands arbres, les maisons souvent installées dans des cours où vivent plusieurs familles, la fontaine pour ceux qui n'avaient pas l'eau courante, d'où jaillissait presque en permanence de l'eau avec les enfants s'aspergeant, dans des grands éclats de rire.



   
      L'épicerie où l'on m'installait avec mon ordinateur





                  Les filles de la maison            








Circulation incertaine et trous chinois en formation

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