Souvenirs de Masolo à Kinshasa - Suite 1

J'aurai dû entreprendre mon récit par le début de mon voyage, car c'est en allant chercher mon visa à l'ambassade de la République du Congo que le voyage a vraiment commencé.

On m'avait dit d'y aller très tôt le matin, j'y étais à huit heures, on m'avait dit qu'il fallait que je m'attende à...attendre. Effectivement une foule compacte se tenait devant la grande porte d'entrée. Des gens de toutes sortes, des congolais bien sûr de tout âge, des hommes d'affaires, des femmes avec plein de paquets, en robe du pays, certaines avec des enfants, d'autres en tailleur strict, chacun avait l'air nerveux, bien sûr ils savaient comment ça se passait, moi j'ai vite compris, on a eu des tickets, et on a fait la queue, longtemps, longtemps, puis peu à peu on a pu avancer. Dans la queue plusieurs langues se parlaient, français, anglais, allemand, néerlandais, même du chinois, (j'ai compris pourquoi là-bas sur place) et bien sûr le sonore et chaleureux lingala que je découvrais. Les sujets de conversation étaient eux aussi très variés, et pour ce que j'ai pu capter, des soucis ménagers, des problèmes d'achat de terre, de livraisons, de billets d'avion, et même d'achat de diamants, avec une telle proximité, difficile de ne pas entendre puis d'écouter!

Enfin j'arrivais presque à l'employé qui allait vérifier mon dossier, mais là...Midi, arrêt d'une demie heure, repas du monsieur. Moi aussi j'avais faim, l'énervement commença à gagner les demandeurs de visa, un autre employé vint dire qu'après tel numéro, il était inutile d'attendre, "Revenez demain s'il vous plaît" dit gentiment l'employé. Des cris de protestation, de vains appels pour faire revenir l'homme, alors certains s'en allèrent. Moi j'avais un numéro qui me donnait l'espoir de passer avant le soir.

Je n'avais pas prévu de sandwichs et j'enviais ceux qui sortaient le leur, mais bien vite s'installa un véritable restaurant, les mamans distribuaient des boîtes en plastique, quand les couvercles sautaient une bonne odeur augmentait ma faim. Les gens commençaient à se détendre, les conversations s'échauffaient et se mêlaient, j'étais sidérée du changement, du niveau sonore et du déballage des sacs. Mais le clou du spectacle fut quand des femmes venues de l'extérieur sont apparues pour vendre nourriture et boissons fraîches sorties d'énormes glacières bleues, j'étais sauvée et complètement fascinée par le spectacle et la fraternité qui s'en dégageait. Mais une question me taraudait, pourquoi toutes les personnes congolaises interpelaient ces vendeuses "Maman"? J'eus la réponse là-bas!

Effectivement l'employé réapparut et vers quinze heure mon dossier fut épluché, mais...pour avoir le visa il manquait la preuve du paiement, je sortis mon chéquier, ah non, pas de chèque Madame il faut aller payer au bureau de poste du quartier, vous verrez ils ont l'habitude, ils ont les formulaires. Et puis dépêchez-vous, ça ferme à seize trente! Courage Annie! Sortir, courir dans la direction indiquée par le portier de l'ambassade, c'était bien plus loin que ce qu'il m'avait promis! Ouf, voici la poste, sauvée! Nouveau guichet, attente, on me remet un formulaire, je le remplis, me représente au-dit guichet... Raté, il faut payer en liquide! Vu le montant je n'ai pas assez, le guichetier me dit que je vais trouver un distributeur derrière la poste, la solidarité se forme, une gentille femme entraîne plusieurs personnes dans mon cas et dit qu'il faut faire vite, la porte de l'ambassade sera fermée dans une demie-heure, seuls ceux qui seront dedans pourront passer... Retour à la poste, j'ai mon papier prouvant que j'ai payé, je cours, je cours, ouf, la porte est encore ouverte! Queue de nouveau pour représenter le dossier tout à fait complet. je donne mon dossier, je reçois un papier qui en atteste, et suis envoyée en salle d'attente de nouveau. Dix-sept heure, un employé passe et dit que les dossiers seront examinés dans la matinée de demain et qu'il faut revenir demain pour le sacro-saint visa...Je me démène, parlemente, explique train-travail-Amiens-enfants-impossible, j'invente, je mens, je supplie presque et comme je ne lâche pas, on me permet d'attendre. Dans la salle d'attente les rangs s'éclaircissent, une femme et trois petits fatigués,  mâchouillent des bonbons et se traînent par terre, quelques messieurs nerveux. Et à vingt heures trente, enfin j'ai mon visa et je remercie, car on me fait comprendre qu'on a été bien bon avec moi!

C'était gagné! j'allais pouvoir partir!                                                                                    à suivre...




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