Souvenirs de Masolo à Kinshasa

Je suis partie un jour pour Kinshasa en République Démocratique du Congo.

J'étais attendue à Masolo, qui est une association qui reçoit des enfants des rues pendant la journée ou la demie-journée, en leur offrant des activités artistiques : Musique dans une fanfare qui commence à être célèbre là-bas, art de la marionnette, ferronnerie d'art avec production de statuettes en fer soudé, tableaux de sable coloré, couture, et bien sûr apprentissages scolaires avec un enseignant.

C'est à la demande de l'Association Cardan que j'allais y organiser la manifestation "Leitura Furiosa" sur le modèle de la manifestation annuelle d'Amiens, fête qui, pendant trois jours, réunit des personnes en grande difficulté de lecture et des auteurs. Cette rencontre doit être immortalisée par un texte écrit par
l'auteur dans la soirée du premier jour, puis lu ou joué sur la scène du grand théâtre de la Maison de la Culture d'Amiens.

J'avais pour mission de veiller à ce que ce dispositif soit respecté à Masolo, et aussi pour écrire un texte après toute une journée passée avec un groupe d'enfants. Je partais avec Pascal un autre membre du Cardan, conteur et comédien, sa grande mission était d'organiser et de mettre en scène la lecture théâtralisée des textes écrits le premier soir des rencontres.
Ce fut une extraordinaire expérience, j'étais hébergée dans le centre où il y a quelques chambres pour les invités, les artistes en résidence.




Ce centre est dans un quartier un peu excentré, tranquille, des rues de sable, des cours comprenant plusieurs maisons, des beaux grands arbres, quelques fontaines où les enfants se rafraîchissent en jouant quand l'eau coule. Dans notre large rue, rue de sable, certains jours, les adolescents et adultes venaient disputer une partie de foot-ball, et certains matins c'était toute une armée de femmes, les "mamans", qui venait faire de la gymnastique ensemble !


Au coin de la rue, une petit épicerie où nous allions acheter des boissons et quelques fruits. Parfois l'épicerie était le seul endroit du quartier à avoir de l'électricité et j'y étais accueillie alors pour travailler sur l'ordinateur. Ma présence amenait à l'épicerie  tous les curieux qui voulaient voir de près la blanche aux cheveux clairs, celle qui avait bien été repérée et avec laquelle on voulait échanger quelques mots. Assez vite je sus me déplacer seule dans les rues accompagner la responsable à son bus et revenir seule à Masolo. Une fois que j'avais quand même perdu mes repères, et que visiblement je tournais en rond dans le quartier obscur, un vieil homme est sorti de l'ombre "Vous êtes perdue, venez, je vous ramène à Masolo!"



Pour le petit déjeuner, nous achetions à une femme installée dans la rue quelques beignets chauds, odorants et délicieux, les enfants arrivaient plus tôt dans l'espoir qu'il en reste quelques uns, du coup, on en achetait de plus en plus pour le partage!


On voit ici le mur de la porte d'entrée du centre, puis la cours où les enfants et les adultes s'installent parfois quand il ne fait pas trop chaud!
La nuit, les portes de la rue et de la maison sont fermées et un garde vieille toute la nuit.







La nuit tombe vite en Afrique, nous ne sommes pas loin de l'équateur et pour nous qui sommes habitués à une arrivée lente et douce de l'obscurité, la rapidité de l'installation de la nuit est surprenante! 
De plus l'éclairage du quartier est rare et incertain, toute cette grande nuit est une découverte. Mieux vaut avoir une bonne pile électrique pour circuler dans la maison, lire, dessiner ou écrire un peu. 







Parfois une bonne bière à la main, des discussions dans la cour se prolongeaient et me rappelaient le temps de mon enfance en vacances sans télévision à cette époque, quand toute la famille montait en bavardant sur la colline au dessus de la Garonne, après le dîner, et que mon grand-père nous apprenait à repérer le ''spoutnik'' qui passait à heure fixe au milieu des étoiles...

À suivre...



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